LA COMPASSION ET LE BONHEUR

« J’ignore quelle est la différence exacte entre « amour » et « compassion ». Le sanskrit utilise le terme « karuna » et en tibétain il existe deux mots « inji » et « chamba ».

« Chamba » désigne le désir de bonheur, alors que « karuna » et « inji » désignent le désir d’échapper à la souffrance.

La compassion authentique ne dépend pas de l’opinion positive ou négative que j’ai de l’autre : elle se fonde sur la conscience et l’acceptation du fait que lui aussi est quelqu’un d’important, que lui aussi a le droit d’être heureux et d’échapper à la souffrance, et ce, quelle que soit son attitude envers moi.

Même un ennemi qui me fait du mal est quelqu’un d’important, et qui a tout à fait le droit d’échapper à la souffrance et d’accéder au bonheur.

La compassion véritable est donc le fait de se soucier de tous sans exception. La compassion n’est pas de la pitié. Elle se fonde sur le respect des droits d’autrui, et la reconnaissance de l’identité qui existe entre l’autre et moi-même.

En Orient, la recherche du bonheur semble être un concept très occidental.

Les scientifiques modernes nous disent qu’une activité accrue dans certaines parties du cerveau constitue une chose positive. Nous ne tarderons pas à nous apercevoir que la tranquillité intérieure se fonde sur une plus grande ouverture de l’esprit et du cœur ainsi que sur un sentiment d’égard envers toute l’humanité en tant qu’entité globale.

Selon ce concept, pour accéder à notre propre bonheur, nous devons respecter le droit des autres à être heureux. Cela peut sembler idéaliste, mais l’histoire humaine nous a prouvé que maints scénarios a priori irréalistes ont fini par aboutir.

Nous voulons le bonheur, ce bonheur qui vient du plus profonde de nous – et qui n’est pas un luxe. Un bonheur et une paix que nul ne peut détruire, nous voler ou nous ôter. Cette paix intérieure est on ne peut plus précieuse. La base de la paix intérieure, c’est l’amour et la compassion. »

Sa Sainteté le Dalaï Lama